11 termes que les philatélistes débutants doivent connaître

Publié le 29 juin 2025 à 22:33

Comprendre les spécificités techniques des timbres-poste est indispensable pour évaluer, classer et contextualiser correctement une pièce philatélique. Ce guide présente 11 notions fondamentales qui permettent d’interpréter les caractéristiques physiques, postales et historiques d’un timbre-poste. Une base terminologique essentielle pour tout philatéliste débutant désireux d’approfondir sa maîtrise du sujet.


La philatélie est une véritable aventure de découvertes. Pour les débutants qui souhaitent se lancer dans cet univers passionnant, il est essentiel de maîtriser certains termes fondamentaux qui jalonnent ce domaine.

 

Dans cet article, nous présentons 11 termes fondamentaux que le philatéliste débutant doit connaître. Ces notions lui permettront de mieux apprécier les timbres-poste qu'il rencontre au fil de ses recherches, d’échanger avec d’autres passionnés de ce domaine et de faire évoluer une collection avec assurance et plaisir.


Valeur faciale : comprendre le rôle tarifaire des timbres-poste            

La valeur faciale d’un timbre-poste est le montant imprimé correspondant au tarif postal qu’il couvre au moment de son émission. Ce montant permet d’affranchir une lettre ou un colis selon les règles tarifaires en vigueur dans le pays émetteur. On peut distinguer deux catégories principales de timbres-poste selon leur valeur faciale : ceux affichant une valeur chiffrée et ceux indiquant un tarif permanent (sans montant visible).

Les timbres-poste à valeur chiffrée

Les timbres affichant une valeur faciale chiffrée sont le type de timbres le plus traditionnel et le plus répandu en philatélie. Il s'agit de timbres-poste sur lesquels est imprimé un montant spécifique, généralement accompagné de l'unité monétaire du pays émetteur.

 

La valeur chiffrée indique le prix initial pour l’achat du timbre-poste et la valeur d'affranchissement qu'il représente pour l'envoi d'un courrier. Leurs caractéristiques principales sont les suivantes :

 

  • Fixité de la valeur : la valeur imprimée sur le timbre-poste est fixe au moment de l'émission ;
  • Dépendance des tarifs : un timbre avec une valeur faciale chiffrée peut devenir insuffisant si les tarifs postaux augmentent et nécessiter un affranchissement complémentaire avec d'autres timbres ;
  • Précision : permet un calcul précis des frais d'affranchissement selon les grilles tarifaires.

En général, les faibles valeurs faciales des timbres-poste sont destinées au courrier local, les valeurs moyennes au courrier national et les valeurs plus élevées au courrier international ou recommandé.

 

Cette répartition des valeurs faciales est typique des timbres d'usage courant, ceux qui sont émis en grande quantité pour répondre aux besoins postaux quotidiens et qui couvrent l'ensemble des tarifs disponibles.

 

Par exemple, le Vatican a émis en novembre 1960 une série de timbres-poste intitulée « Les Œuvres de Miséricorde ». Leurs valeurs faciales s'inscrivent dans une hiérarchie classique, exprimées en lires italiennes :

Timbres L'oeuvre de charité Vatican 8 novembre 1960
  • 5 lires : cette faible valeur était probablement destinée à l'affranchissement du courrier local ou à servir de complément pour atteindre un tarif précis ;
  • 10 lires : représentant une valeur courante, ce timbre correspondait probablement à l'affranchissement de base pour les envois simples ;
  • 15 lires : cette valeur indiquait un tarif pour les envois nationaux plus lourds ou pour les cartes postales internationales ;
  • 40 lires : la valeur la plus élevée de cette sélection était généralement requise pour l'affranchissement de lettres à l'étranger ou pour les envois recommandés.

 

La série contient des valeurs faciales encore plus élevées qui sont spécifiquement dédiées à la tarification du service express (espresso). Ces timbres permettaient l’acheminement accéléré d’un envoi postal :

Timbres L'oeuvre de charité Vatican 8 novembre 1960  Express
  • 75 lires : ce timbre de valeur supérieure couvrait le tarif express national ou servait de complément pour des envois spéciaux nécessitant une rapidité accrue ;
  • 100 lires : la valeur la plus élevée de cette série express était destinée à l'affranchissement express international ou pour l'envoi de courriers plus lourds bénéficiant de ce service accéléré.

 

Le timbre-poste ci-dessous, présentant une valeur faciale de 8 dollars canadiens, est destiné à affranchir des colis, des lettres recommandées nécessitant des services additionnels ou des envois internationaux lourds :

Timbre Grizzly Canada 8 dollars 15 octobre 1997

Les timbres commémoratifs peuvent très bien s’intégrer dans le système postal courant. Au moment de son émission en septembre 2024, le timbre « Pierre de Ronsard » présentait la valeur faciale exacte (1,29 €) pour l’envoi d’une lettre standard via le service « Lettre Verte » :

Timbre Ronsard Lettre verte France 16 septembre 2024

La Lettre verte est un service en France permettant d'envoyer un courrier standard partout dans la région métropolitaine et entre les départements d'outre-mer. L’envoi doit peser jusqu'à 20g et mesurer au maximum 60 cm de long sur 3 cm d'épaisseur. Le tout livré en trois jours ouvrables.

 

Il faut savoir que le tarif de la Lettre verte a augmenté le 1ᵉʳ janvier 2025 pour passer à 1,39 €. Cela signifie que le timbre « Pierre de Ronsard » ne suffit plus pour affranchir une Lettre verte standard de 20g ; il faut ajouter un timbre complémentaire pour atteindre le nouveau tarif.

 

Ainsi, en attribuant aux timbres-poste commémoratifs une valeur faciale correspondant à un service courant, l’administration postale s'assure qu'ils sont utilisés par le grand public et non seulement par les philatélistes. Cela permet de diffuser la culture et l'histoire – ici, la poésie française – tout en facilitant l'envoi du courrier.

 

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Au fil du temps, l'inflation peut entraîner des ajustements réguliers des tarifs postaux. Cela conduit à l’émission de nouveaux timbres avec des valeurs faciales adaptées aux nouveaux tarifs en vigueur.

 

Par le passé, les administrations postales avaient fréquemment recours aux surcharges pour réévaluer les valeurs faciales des timbres-poste. Cette pratique permettait d'éviter la production de nouvelles séries à chaque modification tarifaire, en adaptant simplement les timbres existants par surcharge.

 

Cette pratique a été supplantée par des méthodes plus modernes, comme les systèmes d'affranchissement numériques et les timbres à tarif permanent que nous allons voir maintenant.

Les timbres-poste à validité permanente                       

Les timbres indiquant un tarif permanent sont conçus pour simplifier l'affranchissement du courrier face à l'évolution des tarifs postaux. Ces timbres-poste portent une indication de service ou une lettre/symbole générique, signifiant qu'ils seront toujours valables pour un service postal standard particulier.

 

La particularité de ces timbres est qu’ils conservent leur validité pour le même service, même si le prix de ce service augmente par la suite. Il n'est donc pas nécessaire d'ajouter des timbres complémentaires en cas d'augmentation des tarifs. Les caractéristiques des timbres-poste à validité permanente sont les suivantes :

 

  • Indépendance des tarifs : leur principal avantage est de protéger l'expéditeur et le service postal des changements de tarifs. Les utilisateurs n'ont plus à se soucier d'acheter des timbres complémentaires ou de jeter d'anciens timbres qui seraient devenus insuffisants ;
  • Simplicité : simplifie l'acte d'affranchir le courrier, en particulier pour les particuliers qui n'envoient pas de grandes quantités de courrier ;
  • Flexibilité : permet aux services postaux d'ajuster leurs prix sans nécessiter une réimpression massive de timbres-poste avec de nouvelles valeurs faciales.

 

Le timbre-poste ci-dessous a été émis par la France le 18 septembre 2008. Il est issu d’un carnet composé de 10 timbres-poste sur le thème de la bande dessinée Garfield. Sa valeur faciale se présente sous la mention : « Lettre prioritaire 20g » :

Timbre Garfield Lettre prioritaire 20 g France 18 septembre 2008

La Lettre prioritaire était le service d'acheminement le plus rapide et le plus courant pour le courrier national en France au moment de l'émission de ce timbre. L’inscription « 20g » indique le poids maximal de l'envoi standard couvert par ce timbre-poste. Si la lettre dépassait 20g, il fallait ajouter un complément d'affranchissement.

 

Le service Lettre prioritaire a été une composante majeure de l'offre de La Poste en France pendant plusieurs décennies. Il a été remplacé le 1er janvier 2023 par la « Lettre verte », la « Lettre Services Plus » et « l’e-Lettre rouge ».

 

Fait intéressant, les timbres de ce livret ont été dessinés par Jim Davis lui-même, le créateur de la bande dessinée.

 

Le timbre-poste norvégien suivant est un autre exemple d’un timbre-poste présentant un tarif permanent. L’inscription « A » (A-prioritet) indique que le timbre est indexé sur le tarif courant d'une lettre standard intérieure jusqu'à 20g :

Timbre Phare de Yom Pruland Norvège 1 septembre 2005

Ce choix permet au timbre-poste de demeurer valable indéfiniment, car il s'adapte automatiquement à l’augmentation des tarifs postaux. Ce principe simplifie son utilisation à long terme.

La valeur faciale d’un timbre-poste : le reflet d’une époque     

La valeur faciale d’un timbre-poste est un marqueur temporel, tarifaire et souvent politique. Elle témoigne des époques, des transitions monétaires et même des crises. Pour tout philatéliste, il est essentiel de toujours replacer la valeur faciale d’un timbre-poste dans son contexte d’émission, afin de comprendre son usage et la signification de ses origines.

 

Il convient également de ne jamais confondre la valeur nominale d’un timbre-poste (ou valeur faciale) avec la valeur de marché, qui est le prix de vente sur le marché des collectionneurs. La valeur de marché d’un timbre est déterminée par l'offre et la demande et non par la valeur faciale qu’il présente.

Termes associés :

 

*Affranchissement : processus de validation du paiement des services postaux par le moyen des timbres-poste, permettant l'acheminement légal du courrier.

*Forte valeur faciale : valeur monétaire imprimée sur un timbre-poste qui est considérablement plus élevée que les valeurs couramment utilisées pour l'affranchissement des envois postaux standards (Definitives High Values en anglais). 

*tarif postal : montant exigé par une administration postale pour l'acheminement et la livraison d'un objet du courrier (lettre, carte postale, colis, etc.) ou pour l'exécution d'un service postal spécifique.

*Timbres d’usage courant : émissions postales conçues pour répondre aux besoins quotidiens d'affranchissement du grand public et des entreprises.

*Usage postal : catégorie spécifique de service ou le type d'acheminement pour lequel un timbre-poste est conçu et dont la valeur faciale a été fixée.

 


Bienfaisance : quand le timbre-poste devient un geste de soutien

Le terme « bienfaisance » désigne un timbre-poste qui, en plus de remplir sa fonction d'affranchissement pour le service postal, sert également à collecter des fonds pour une cause particulière. Cette contribution additionnelle, appelée « surtaxe », est reversée à une organisation caritative, un projet public ou une action spécifique.

 

Comme le montre l’exemple ci-dessous, les timbres de bienfaisance sont la plupart du temps divisés en deux sections :

    Timbre bienfaisance Palais royal de Bruxelles Belgique 23 octobre 1971
    • La section d'affranchissement, ici de 10 francs belges, correspondait au tarif postal standard pour l'envoi d'un courrier en 1971 :
    • La section caritative, représentée par la surtaxe de 5 francs. Ce montant était destiné à financer l'Exposition Philatélique internationale Belgica qui s'est tenue à Bruxelles du 24 juin au 9 juillet 1972.

     

    D'après la valeur faciale qu’il présentait au moment de son émission, ce timbre de bienfaisance avait un prix d'achat de 15 francs belges.

     

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    Ainsi, au-delà de leur fonction postale, les timbres de bienfaisance remplissent une autre mission : soutenir des œuvres de charité ou financer des projets d’intérêt public.

    Les timbres de bienfaisance et les œuvres de charité

    Le timbre-poste suivant a été émis par le Luxembourg le 5 décembre 1946 sous le titre de « Caritas » (charité en latin). Il montre le visage de Jean l’Aveugle, un prince du Moyen Âge dont la détermination et le courage sont encore admirés aujourd’hui :

    Timbre Caritas Jean l'Aveugle Luxembourg 5 décembre 1946

    Jean l’Aveugle avait perdu la vue en 1340. Il n’avait toutefois jamais renoncé à ses principes, dont la devise était « Je sers ». Il est mort en 1346 durant la bataille de Crécy. Le timbre consacré au 600e anniversaire de la mort de ce prince était destiné à collecter des fonds pour ceux qui avaient perdu la vue ou subi d'autres handicaps durant la Seconde Guerre mondiale.

     

    Détail intéressant, on remarque que la valeur de la surtaxe est égale à la valeur d’affranchissement sur le timbre bleu et qu’elle est deux fois plus élevée sur le timbre sépia :

    Cette différence n’est pas arbitraire, mais reflète une volonté de l’administration postale d’ajuster le niveau de contribution caritative en fonction de la capacité de paiement des usagers : doubler la surtaxe par rapport à la valeur postale envoie un message fort de solidarité.

     

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    En associant affranchissement et solidarité, les timbres de bienfaisance permettent aux citoyens de transformer un geste quotidien en acte de soutien, tout en contribuant à faire connaître des enjeux sociaux, sanitaires ou humanitaires à travers un support accessible et symbolique.

    Les timbres de bienfaisance et les œuvres publiques

    Voici une série philatélique qui a été émise par l’Islande le 23 janvier 1956 à l’occasion du 900e anniversaire de l’évêché de Skálholt. Ces timbres-poste contiennent une surtaxe qui était destinée à la reconstruction d’un centre culturel important de l’histoire islandaise :

    Timbre bienfaisance Évêché de Skálholt Islande 23 janvier 1956 de

    Skálholt a été une institution importante de l'Islande médiévale. Le premier timbre de la série montre saint Thorlak (saintur Þorlákur en islandais) qui est devenu évêque de Skálholt vers 1106. Son épiscopat a marqué une période significative dans l'ancrage du christianisme en Islande, faisant de Skálholt un foyer spirituel essentiel dans ce pays.

     

    Le second timbre est une représentation de l'église de Skálholt telle qu'elle a été conçue au Xe siècle.

     

    Le dernier timbre présente Þórður Þorláksson (Theodorus Thorlacius en latin) qui fut un évêque luthérien de Skálholt de 1674 à 1697. À son initiative, l'imprimerie de l'Église d’Islande fut installée à Skálholt en 1685, où il créa les premières archives imprimées du pays.

     

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    Cette série philatélique islandaise illustre comment la philatélie peut à la fois commémorer des figures historiques et des institutions culturelles, tout en collectant des fonds pour la préservation et la reconstruction du patrimoine national.

    Les timbres de bienfaisance controversés : collection et mémoire historique

    Les timbres de bienfaisance sont souvent recherchés par les philatélistes, surtout lorsqu’ils sont émis pour des causes d’actualité ou pour des événements historiques majeurs.

     

    Le timbre de bienfaisance ci-dessous présente un intérêt particulier pour son lien avec l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et l’œuvre qu’il était destiné à soutenir. Il a été émis le 2 août 1943 par la poste norvégienne sous administration collaborationniste :

    Timbre gardes-frontières Frontkjemper Norvèege 2 août 1943

    Le motif central du timbre est l'emblème des gardes-frontières (Frontkjemper), des volontaires norvégiens qui avaient intégré la Waffen-SS allemande pendant la guerre. Leur rôle principal était d'appuyer les Allemands durant l'occupation de la Norvège entre 1940 et 1945.

     

    La surtaxe de 30 øre était destinée à soutenir la formation collaborationniste norvégienne durant cette période. Il est intéressant de voir que cet emblème présentait la figure d’un guerrier viking en position de combat.

     

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    Les timbres de bienfaisance, liés à des événements historiques majeurs, captivent les collectionneurs par leur capacité à transcender leur rôle postal. Au-delà de leur valeur intrinsèque, ils deviennent des objets chargés d'histoire et d'émotion, invitant à la réflexion sur les contextes parfois controversés de leur émission.

    Le timbre de bienfaisance : affranchir et servir une cause

    Les timbres de bienfaisance remplissent ainsi une double fonction : affranchir le courrier et collecter des fonds dédiés à des causes spécifiques. Ces émissions participent activement à la sensibilisation du public et constituent de véritables témoignages historiques.

     

    Termes associés :

    *surtaxe : montant additionnel perçu sur un timbre-poste au-delà de sa valeur faciale normale, généralement destiné à une cause spécifique ou à un fonds de bienfaisance.

    *semi postal : calque direct de l'anglais « semi-postal stamp », qui est très couramment utilisé en philatélie francophone pour désigner les timbres de bienfaisance.

     


    Bloc : un format précieux pour les collectionneurs passionnés 

    Un « bloc » est un groupe de quatre timbres-poste contigus (parfois plus), extraits d’un coin d'une feuille de timbres. Les timbres de cet ensemble sont maintenus ensemble par leurs dentelures en une configuration de « 2 x 2 ».

     

    Un bloc contient également une lisière (marge) sur deux de ses côtés adjacents. Cette caractéristique présente un intérêt supplémentaire pour les philatélistes en raison des informations que la lisière contient.

     

    Un bloc peut présenter des timbres identiques ou tous différents. Dans ce dernier cas, on parle de timbres « se-tenant ». Les timbres se-tenant sont très intéressants pour les collectionneurs, car ils présentent un thème de manière plus complète que les timbres individuels.

    Schéma bloc de timbre philatélie

    On distingue deux types de bloc en philatélie : le bloc de planche et le bloc d’inscription.

    Le bloc de planche : l’art de l’impression en taille-douce

    Un « bloc de planche » concerne un ensemble de timbres tirés d’un coin d'une feuille imprimée en taille-douce. Avant les années 1960, la gravure était la principale méthode d'impression des timbres. C'est pourquoi le terme « bloc de planche » concerne surtout les timbres-poste antérieurs à cette période.

     

    Le bloc de planche ci-dessous est le coin inférieur gauche d’une feuille de timbres portant sur une photographie de Dorothy Wilding de la reine Élizabeth II. Ce timbre-poste a été émis par le Canada en 1954 et a été imprimé jusqu’en 1961 :

    Timbre Bloc de planche reine Elizabeth II photo Doroty Wilding Canada 1954

    Sur la lisière gauche, on retrouve le numéro de la planche d'impression (629) qui a été utilisée pour imprimer la feuille de timbres et le numéro du lot de production (N° 2). La lisière du bas mentionne le nom de l'imprimerie qui a produit la feuille de timbres : la Canadian Bank Note Company a été le principal imprimeur des timbres-poste canadiens de 1897 à 1962 : 

    L'esthétique d'un bloc de planche réside dans la répétition harmonieuse du timbre qu’il met en valeur. Un tel groupe est intéressant pour observer la finesse d’une gravure et la qualité de son report sur le papier. Il est parfois possible d’identifier des variations d’impression entre les timbres ou des défauts survenus lors de leur production.

     

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    Le bloc de planche est un témoin précieux de l'art de la gravure en philatélie et offre une perspective unique sur les méthodes d'impression d'antan. L’article Les timbres-poste monochromes : l'impact des couleurs dans l'art philatélique va plus loin dans les particularités de la production de ces timbres.

    Le bloc d’inscription : un produit de la philatélie moderne

    Un bloc d'inscription est un ensemble de timbres se-tenant dont la lisière contient des informations liées à l'émission de ces timbres. Le développement de la lithographie offset durant les années 1960 a permis l’impression de timbres avec une plus grande complexité de designs et de couleurs, rendant possibles ces ajouts textuels.

     

    Émis le 9 novembre 1990 par le Canada, le bloc d’inscription ci-dessous commémore le 50e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale. Il s’inscrit dans une série philatélique intitulée « La Deuxième Guerre mondiale » comprenant cinq blocs d’inscription.

    Bloc d'inscription timbres Le Canada mobilise ses ressources Canada 9 novembre 1990

    La lisière supérieure porte une inscription qui présente la thématique du bloc : 1940 La Deuxième Guerre mondiale. Le Canada mobilise ses ressources. Il se compose de quatre timbres-poste se-tenant, chacun illustrant un aspect particulier de la mobilisation canadienne pour soutenir l’effort de guerre : « Front intérieur », « Efforts de guerre collectifs », « Production de denrées alimentaires » et « Science et guerre » :

    La lisière gauche contient les renseignements techniques sur la production de ces timbres : le nom de la personne qui a conçu les timbres (Pierre-Yves Pelletier) et celui de la personne qui a réalisé les illustrations (Jean-Pierre Armanville). On retrouve encore le nom de la société qui a imprimé les timbres (Ashton-Potter Limited). Les pastilles de couleurs indiquent les couleurs utilisées pour l’impression des timbres.

     

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    Rendu possible par l'avènement de la lithographie offset, le bloc d'inscription est un format philatélique enrichissant qui est particulièrement adapté pour commémorer des événements historiques. Il offre non seulement une complexité de designs et de couleurs, mais aussi la possibilité d'intégrer des informations détaillées sur l'émission et sa production.

    Bloc et timbres-poste : la lecture des émissions philatéliques     

    Les ensembles de timbres-poste que constituent les blocs enrichissent considérablement les collections de timbres, tant par leur valeur esthétique que par leur rareté philatélique. Qu’il s’agisse d’un bloc de planche ou d’un bloc d’inscription, ils témoignent de l'évolution des pratiques graphiques dans le monde de la philatélie.

    Termes associés :

    *Lisière : marge d'une feuille de timbres qui entoure un ou plusieurs timbres-poste.

    *Se-tenant : se dit de plusieurs timbres-poste différents qui sont attachés les uns aux autres.

     


    Dentelure : un détail technique d’une grande importance

    En philatélie, le terme « dentelure » désigne les petites perforations qui bordent les côtés d’un timbre-poste. Ces perforations jouent un rôle pratique très important : elles facilitent la séparation des timbres les uns des autres, permettant ainsi de les détacher sans risque de les endommager.

     

    La dentelure des timbres-poste peut être mesurée à l'aide d'un odontomètre. Cet outil permet de compter le nombre de perforations sur 2 centimètres sur le côté d'un timbre. Cette mesure est exprimée en points de dentelure.

    On considère la fin des années 1850 comme la période où la perforation en dentelure est devenue la norme dans la production de timbres-poste à travers le monde. Avant cela, les timbres-poste devaient être coupés manuellement avec des ciseaux, ce qui était peu pratique et endommageait souvent les timbres.

     

    Toutefois, des timbres non perforés ont continué à être produits pour des usages spécifiques tels que des éditions spéciales destinées aux collectionneurs.

     

    Le timbre-poste ci-dessous montre une illustration du conte Ali Baba et les quarante voleurs et provient d’une série philatélique émise par l'Émirat Fujairah le 24 juillet 1967. Il présente une version dentelée et non dentelée :

    Timbre Ali Baba et les 40 voleurs Fujairah 24 juillet 1967

    Les Émirats arabes ont émis, dans les années 60-70, un grand nombre de timbres-poste. Ces émissions étaient principalement destinées à être vendues à des collectionneurs.

     

    Ces timbres-poste abordaient souvent des thématiques populaires sans lien avec l’émirat émetteur : les Jeux olympiques, les animaux exotiques, les personnages historiques, etc.

     

    Cette surproduction philatélique a conduit à une abondance de séries, parfois imprimées avec de nombreuses variantes (dentelées, non dentelées, etc.). En conséquence, bien que visuellement attrayants, ces timbres-poste ont souvent une valeur philatélique modeste.

    Les différentes méthodes de perforation des timbres-poste 

    Il existe trois types de perforations pour les feuilles de timbres-poste :

     

    1. La perforation en ligne

    Dans la perforation en ligne, les perforations sur la feuille de timbres sont effectuées successivement et indépendamment les unes des autres. Ce processus se fait en deux étapes : la feuille passe sous la machine de perforation une première fois pour les rangées horizontales, puis est repositionnée pour effectuer les rangées verticales :

    Feuille de timbres-poste perforation en ligne

    Ce procédé est reconnaissable par le fait que les perforations ne coïncident pas parfaitement aux intersections des timbres. Comme le montre l’exemple ci-dessous, les trous peuvent être légèrement décalés ou ne pas se rencontrer exactement, laissant parfois un espace ou une petite « dent » à ces croisements :

    timbre Cabot's Matthew Newfoundland Le Mathew de Cabot Terre-Neuve Canada 1 avril 1949

    2. La perforation en peigne

    Dans la perforation en peigne, une série de poinçons perfore trois des quatre côtés d'une rangée de timbres en une seule opération. La feuille est ensuite avancée et l'opération est répétée pour la rangée de timbres suivante, perforant ainsi le quatrième côté des timbres de la rangée précédente et trois côtés de la nouvelle rangée :

    Feuille de timbres-poste perforation en peigne

    Cette méthode se remarque par le fait que les coins des timbres sont généralement bien alignés sur les trois côtés perforés en même temps. Cependant, un léger décalage des trous peut être observé aux intersections du quatrième côté de ces timbres, comme on peut le voir dans l’exemple suivant :

    Timbre le 100e anniversaire du gouvernement responsable Canada 1 octobre 1948

    3. La perforation à la herse

    Dans la perforation à la herse, toutes les perforations (horizontales et verticales) de la feuille de timbres sont réalisées en même temps, en une seule et unique opération :

    Feuille de timbres-poste perforation à la herse

    La signature de la perforation à la herse est la perfection ou quasi perfection des intersections des dentelures. Comme le montre la feuille de timbres allemands ci-dessous, les trous aux coins de chaque timbre sont parfaitement alignés et forment un ensemble bien centré :

    Timbres Rumpelstilzchen Nain Tracassin République Démocratique Allemande 14 décembre 1976

    La perforation à la herse a été adoptée par de nombreuses administrations postales pour sa fiabilité et la qualité qu'elle offre pour la production des timbres-poste.

     

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    La diversité des méthodes de perforation des timbres-poste reflète l'évolution des techniques d'impression et offre aux philatélistes des indices précieux sur leur production. Elle permet également d’identifier des variantes qui enrichissent la connaissance et la valeur des pièces de collection.

    Le piquage des timbres-poste          

    Le terme « piquage » fait référence à un défaut de perforation sur un timbre-poste. Il décrit une situation où les rangées de perforations sur une feuille philatélique n’ont pas été correctement alignées, entraînant des conséquences telles que :

     

    1. Le décalage des perforations

    Les lignes de perforations (horizontales ou verticales) ne sont pas parfaitement alignées par rapport au motif imprimé du timbre. Comme le montrent les exemples ci-dessous, l’image semble « décalée » à l'intérieur du cadre formé par les dentelures du timbre-poste :

    Timbres-poste dentelure décalée Variété

    2. L’absence partielle de perforations

    Fait référence à un timbre qui, au lieu d'avoir toutes ses dentelures uniformément présentes sur ses quatre côtés, présente un ou plusieurs côtés sans aucune perforation, alors que le reste du timbre est correctement perforé.

     

    Dans l'exemple qui suit, la feuille de timbres n'a pas été appliquée avec une pression uniforme sur l'ensemble des poinçons lors de l'étape de la perforation. Cette anomalie a empêché des perforations de se former correctement sur une partie de la feuille :

    3. Le « piquage à cheval »

    Les trous de perforation empiètent sur l’image du timbre-poste. Sur ce timbre-poste à l’effigie du roi Georges, la dentelure du bas est nettement décalée, mordant dans la lisière inférieure ; la partie supérieure du timbre est coupée par la dentelure supérieure :

    Timbre roi George VI Canada 1 avril 1937

    Un piquage peut être un incident mineur ou un défaut plus prononcé. L'impact de cette anomalie sur la valeur d'un timbre varie en fonction de la gravité du piquage. Un piquage peut augmenter la valeur d'un timbre si le déplacement atteint 3 millimètres ou plus. En deçà de cette limite, il s'agit d'un mauvais centrage, une imperfection qui déprécie le timbre.

     

    Les timbres-poste mal centrés entrent alors dans la catégorie des « variétés », un terme qualifiant les exemplaires qui sont différents de la norme prévue lors de leur émission.

     

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    Le piquage des timbres-poste est loin d'être toujours un simple défaut ; il peut transformer un timbre en une variété recherchée et augmenter sa valeur aux yeux des collectionneurs.

    La dentelure des timbres-poste : un critère de l’expertise philatélique

    La dentelure des timbres-poste, qu'elle soit le fruit d'une perforation standard ou le résultat d'un piquage, est un élément fondamental pour leur identification, leur classification et leur authentification. La mesure des dentelures et l'observation des défauts qu’elles peuvent contenir offrent aux philatélistes des informations précieuses pour identifier les variétés et apprécier la valeur intrinsèque de chaque pièce de collection.

     

    Il faut mentionner qu’il est important de ne pas confondre « la perforation des timbres » et « les timbres perforés », terme abordé ci-après.

    Termes associés :

     

    *perforation : processus par lequel de petites coupures sont faites sur les côtés des timbres-poste afin de faciliter leur séparation.

    *piquage à cheval : défaut de perforation dans une feuille de timbres dans lequel une dentelure empiète sur le visuel des timbres, voire traverse complètement les images des timbres.

    *sans dentelure : fait référence à un timbre-poste dont la feuille n’a pas été perforée et dont les côtés sont lisses.

    *variété : différence mineure reconnaissable et involontaire, qui distingue un timbre-poste de l'émission standard.

     


    Perforé : quand le timbre-poste devient un outil d’identification

    Un « timbre » perforé, appelé aussi perfin, est un timbre-poste dans lequel de petits trous ont été pratiqués pour former des lettres, des chiffres ou des symboles. Ces perforations servaient principalement à des fins de sécurité et d’identification.

     

    Très utilisés par les entreprises, les administrations et les grandes institutions comme les banques, les douanes ou l’armée, les timbres perforés permettaient de prévenir le vol : une fois perforé, un timbre ne pouvait plus être réutilisé à des fins personnelles.

     

    Ces perforations formaient souvent des lettres ou des sigles, ce qui permettait d’identifier clairement l’origine du timbre, qu’il s’agisse d’une société ou d’un service public.

     

    Par exemple, en 1937, un vol important de timbres-poste a été découvert dans un ministère du gouvernement du Canada. À la suite de cet incident, tous les ministères de ce pays ont été obligés d'utiliser des perforateurs pour marquer leurs timbres à partir du 1ᵉʳ juillet 1939.

     

    Le modèle de perforation choisi formait les initiales OHMS (On His Majesty’s Service), comme le montre ce timbre canadien émis en 1942 :

    Timbre Roi George VI Parlement du Canada Ottawa 1 juillet 1942
    • Royaume-Uni : utilisation par des entreprises, des banques et des administrations publiques ;
    • États-Unis : utilisation surtout commerciale, très peu dans les services gouvernementaux ;
    • France : utilisation plus limitée, surtout dans le secteur privé (banques, grandes entreprises) ;
    • Allemagne : utilisation aussi bien dans le secteur public que privé.

     

    De nombreux autres pays européens ont utilisé des timbres perforés, principalement dans le secteur privé.

    Le timbre perforé : l’empreinte d’une identité postale sécurisée

    Les timbres-poste perforés constituent une catégorie offrant un aperçu intéressant des pratiques de sécurité postale à travers le monde. Témoins des préoccupations d'authentification et de prévention du vol de leur époque, ces timbres étaient personnalisés par des identifiants propres à des administrations gouvernementales ou à des entreprises.

    Terme associé :

     

    *perfin : autre terme désignant les timbres-poste perforés. Il provient de la contraction de l’anglais perforated initials.


    Les concepts fondamentaux présentés jusqu'ici sont quelques outils qui permettent déjà de poser un regard nouveau sur les timbres-poste.

     

    La partie suivante approfondira les connaissances du philatéliste débutant en proposant d'autres termes indispensables qui permettront de mieux comprendre les émissions philatéliques dans leur contexte monétaire, historique ou technique — et ainsi affiner l'interprétation de chaque pièce.

    R. Simard


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