La naissance d'un État : Étienne 1er et la fondation du royaume de Hongrie

Publié le 5 mars 2025 à 17:47

Chronique sur la propagande socialiste dans la philatélie hongroise : les illustrations de la Chronique enluminée (1/4)

En 1971, la Hongrie a commémoré un récit de son histoire médiévale à travers une série philatélique intitulée La chronique enluminée. Cette initiative a permis de faire un lien entre l’histoire du royaume de Hongrie et les enjeux politiques de la République populaire de Hongrie. Cette chronique offre une perspective fascinante sur la manière dont les symboles historiques peuvent être utilisés pour renforcer l'identité nationale d'un régime en place.

Le 10 décembre 1971, la Poste hongroise (Magyar Posta) a émis une série philatélique commémorant les 600 ans de La chronique enluminée (Kronica Képes en hongrois), un manuscrit médiéval traitant de l’histoire de la Hongrie. La série se compose de sept timbres-poste et d'un feuillet. Elle est libellée en forint hongrois (Ft), monnaie nationale de la Hongrie depuis 1946. 

 

Parmi les 147 enluminures que contient la Chronique enluminée, huit ont été sélectionnées pour illustrer les timbres-poste de la série. La reproduction de ces enluminures est l'œuvre d'Éva Zombory (1927-1998), une graphiste hongroise qui a consacré sa carrière à l'art philatélique.

Le travail de Zombory est remarquable par sa minutie et sa fidélité aux enluminures médiévales. Cette artiste a su adapter avec brio les couleurs vives et les détails complexes des illustrations originales. Au-delà de l'hommage à l'histoire hongroise, cette série a permis de diffuser une œuvre médiévale auprès d'un large public.

 

Ces reproductions ont également acquis une dimension supplémentaire en tant que vecteurs de transmission culturelle de la République populaire de Hongrie des années 1970.

La Chronique enluminée : un trésor de l'histoire hongroise   

« En l'année 1358, le huitième jour de l'ascension de notre Seigneur, un mardi, j'ai commencé cette chronique sur les anciennes et récentes actions des Hongrois, de leur origine et de leur développement, de leurs victoires et de leur bravoure […] »[1]

 

La Chronique enluminée (Chronicon pictum en latin) est un texte rédigé en latin entre 1358 et 1370. Commandé par le roi Louis 1er de Hongrie, cet ouvrage de prestige a été réalisé dans la chancellerie royale de Buda, centre administratif et culturel de la royauté hongroise au XIVe siècle.

La Chronique enluminée est un chef d'œuvre de la littérature médiévale hongroise

(Domaine public)

L'auteur est Mark de Kalt, un religieux originaire de la ville de Vesprém. Il a occupé le poste de chroniqueur officiel auprès de Louis 1er de Hongrie. Son récit, vivant et dynamique, est ponctué d'événements tangibles et de nombreux dialogues. Par moments, ce texte rappelle un feuilleton, avec ses intrigues et ses retournements de situation.

Enluminure de La Chronique enluminée représentant Mark de Kalt

(Domaine public)

Fait intéressant, de Kalt souligne, au début de son récit, son intention de révéler des événements encore jamais relatés dans d'autres textes : « […] nous voulons plutôt écrire ce que d'autres écrivains ont omis. »[2] Il se positionne ainsi comme une source d'informations inédites concernant l'histoire de la Hongrie.

 

Les enluminures de l'ouvrage sont l’œuvre de Miklós Meggyesi, peintre officiel de la cour de Louis 1er. Les compositions de Meggyesi sont équilibrées et structurées, avec un sens aigu du décor dans les bordures et les arrière-plans. Son utilisation des couleurs, telles que le bleu, le rouge, le vert et le doré, souligne de façon saisissante la dimension symbolique des scènes qu’il a représentées.

 

* * *

 

L'émission de ces timbres-poste illustre l'engagement du régime socialiste hongrois envers la valorisation de l'histoire et du patrimoine national. Elle traduit une volonté d'établir un pont entre le passé et le présent et de souligner une continuité dans l'histoire de la Hongrie. Dans cet article, nous cherchons à mettre en lumière le lien entre cette initiative philatélique et le contexte sociopolitique de la Hongrie des années 1970.


Le grand-prince Géza et la naissance de l’État hongrois   

 

Aux alentours de la fin du premier millénaire, les tribus magyares, originaires des vastes steppes de l'Est, s'étaient établis dans la plaine de Pannonie. Cette vaste région fertile, située au cœur de l'Europe, constituait un terrain propice pour l'agriculture et l'élevage. L'installation des Magyares dans ces régions avait marqué la transition de ces peuples nomade vers un mode de vie sédentaire.

Installés dans la plaine de Pannonie, les Magyars pratiquaient l'élevage du bétail

La Grande-Principauté de Hongrie a été fondée en 895 par Árpád, un chef de la tribu « Megyer ». L'organisation de cette entité politique s'est développée avec le temps. À partir des années 970, alors que les tribus étaient encore dispersées, le grand-prince Géza, descendant d'Árpád, entreprit de les rassembler sous son commandement. 

 

Cette époque, marquée par la consolidation du pouvoir et la formation des premières institutions, est désignée dans l'histoire hongroise comme étant « l’Ère de la fondation de l'État » (államalapítás kora).

Le grand-prince Géza a unifié les tribus magyares

Géza et la centralisation du pouvoir               

Afin de mieux asseoir son autorité sur les tribus, le grand-prince Géza instaura un système de gouvernance centralisé. Il plaça les chefs des tribus sous son commandement direct et organisa un réseau d'administrateurs régionaux : les ispáns (comtes) et les voïvodes ispáns (ducs).

Géza et la christianisation des Magyars                          

Les Magyares croyaient en des divinités et des forces surnaturelles. Le toltán, ou chaman, jouait un rôle de premier plan au sein de ces peuples. Il dirigeait les rituels religieux et en protégeait les tribus.

Rituel païen dans un tribu magyare

En 955, l'adoption du christianisme romain par le grand-prince et son son frère Michel (Mihály), avait entraîné une vague de conversions au sein des Magyars. Cet acte suivait l'influence croissante du christianisme, qui venait principalement de l'Empire romain germanique. 

 

En adoptant cette nouvelle religion, Géza cherchait à intégrer la Hongrie dans le monde chrétien occidental, un processus qui allait culminer quelques décennies plus tard.

 

Toutefois, la conversion de Géza ne s’était pas accompagnée d'une ferveur religieuse immédiate : comme de nombreux nouveaux convertis, il oscillait entre les rites païens et ceux du christianisme. Il fut même réprimandé par un évêque pour ses pratiques religieuses ambivalentes.

Géza et les alliances matrimoniales                   

Le grand-prince Géza s’est employé à tisser des liens diplomatiques avec les États chrétiens voisins. Comme tous les princes de l’époque, il a eu recours à des mariages stratégiques. Lui-même avait épousé Sarolt, une princesse chrétienne de Transylvanie, avec laquelle il eut les enfants suivants : 

 

  • un premier fils (nom inconnu), mort en bas âge ;
  • Judith, qui épousa en 985 Boleslas 1er, roi de Pologne ;
  • IIona, mariée vers 995 avec Gabriel Radomir, futur tsar de Bulgarie ;
  • Vajk (futur Étienne), qui épousa en 995 Gisèle, princesse de Bavière ;
  • une troisième fille (nom inconnu), mariée vers 1009 à Ottone Orseolo, doge de Venise ;
  • une quatrième fille (nom inconnu), qui épousa vers 1007 Samuel Aba, un noble hongrois.

 

Les alliances princières, formées par les mariages, demeuraient précaires. Elle étaient souvent dictées par les intérêts politiques du moment. Ces unions, instables par nature, pouvaient rapidement se dégrader et dégénérer en conflits, parfois jusqu’à déclencher des guerres.

 

* * *

 

L’œuvre du grand-prince Géza est celle d'un dirigeant qui a posé les bases de l’État hongrois. Son rôle dans l'unification des tribus hongroises et dans la promotion du christianisme en Hongrie a ouvert la voie à la création d'un royaume influent, qui allait prospérer sous le règne de son fils, Étienne 1er.


De Vajk à Étienne : le premier roi de Hongrie            

Le fils du grand-prince Géza est né vers 975 sous le nom de Vajk, un prénom signifiant « prince » ou « riche » dans la langue hongroise. Issu des traditions païennes, ce prénom évoquait à la fois le statut supérieur de l’enfant et son avenir prometteur en tant que futur dirigeant.

 

Les chercheurs estiment que Vajk aurait été baptisé vers 985, alors qu'il avait environ 10 ans. Ce baptême, voulu par le grand-prince, marquait l’entrée du jeune garçon dans la foi chrétienne et préfigurait son futur rôle de souverain chrétien.

 

Vajk reçut le prénom d’Étienne (István en hongrois), en l'honneur de saint Étienne, premier martyr chrétien.

Le baptême d'Étienne de Hongrie

Le mariage d’Étienne et de Gisèle de Bavière              

En 995, le grand-prince Géza renforça ses relations avec l'Empire germanique en unissant son fils Étienne à Gisèle, fille du duc de Bavière Henri II. Ce mariage stratégique scella une alliance politique et militaire importante entre la Hongrie et les princes de l'Empire, voisins immédiats des terres hongroises.

Le mariage d'Étienne de Hongrie et de Gisèle de Bavière

À la mort du grand-prince en 997, le territoire des Magyar traversait une phase de transition religieuse majeure. Une grande partie de l'élite et de la population s'était convertie au christianisme. Toutefois, une faction importante demeurait encore attachée aux croyances ancestrales.[3]


La décapitation de Koppány                

Le premier timbre-poste de la série philatélique présente un épisode intitulé « Le combat du roi saint Étienne contre le chef Koppány ».[4] Ce chapitre de la Chronique enluminée narre la lutte décisive entre les partisans du christianisme et ceux des traditions païennes.

 

Alors qu’Étienne 1er prenait le titre de grand-prince de Hongrie, un conflit éclata entre lui et son oncle Koppány. Koppány était l'un des dirigeants de la faction païenne qui s’opposait à la christianisation de la Hongrie. Ce conflit mettait à jour deux visions opposées concernant la succession à la tête de la Grande-Principauté de Hongrie : la primogéniture et le séniorat.

Étienne et le christianisme au service du pouvoir                               

Étienne défendait le principe de la primogéniture, un concept d'origine chrétienne qui privilégiait le premier fils d’un roi pour lui succéder au trône. Dans cette optique, Étienne avait été désigné par son père comme son successeur légitime.

Étienne de Hongrie, instigateur des principes chrétiens de la royauté

Étienne était soutenu par le pape (Sylvestre II), par les Hongrois convertis au christianisme, par l’empereur germanique (Otton III) ainsi que par les nobles et les chevaliers allemands amenés en Hongrie par Gisèle lors de son mariage.

 

Koppány : le défenseur des traditions ancestrales                       

Koppány s'appuyait sur le principe traditionnel de la séniorité, dans lequel le membre le plus âgé du clan avait la priorité pour devenir le chef. Il estimait que son âge et son expérience lui donnaient la préséance pour succéder à son frère le grand-prince Géza.

Koppány, défenseur des traditions ancestrales magyares

Koppány était soutenu par une partie de la noblesse hongroise et des clans traditionnalistes qui désiraient conserver leurs coutumes ancestrales et leur indépendance par rapport à l'Église chrétienne. 

La bataille de Veszprém         

Étienne et Koppány s'affrontèrent près de Vesprém, un foyer urbain située sur les rives du lac Balaton. L’issue de ce conflit allait déterminer si le pays s'engagerait résolument dans la voie de la chrétienté ou s'il demeurerait fidèle aux traditions ancestrales magyares.

 

Étienne avait placé son armée sous la bannière du confesseur saint Martin et désigné Vencellin, un Allemand, chef de toute son armée. La bataille débuta dans un fracassement de fer et de sang, les deux camps s'affrontant avec une détermination farouche.

La bataille de Veszprém allait déterminer si les Magyars allaient adopter le christianisme ou demeurer païens.

 

Le combat fut long et acharné, mais grâce à la bravoure des hommes d'Étienne, la victoire se profila peu à peu en sa faveur :

 

Dans ce combat, le comte Vencellin tua le chef Koppány et c'est ainsi que saint Étienne, alors encore chef, le récompensa par de vastes terres. Saint Étienne fit couper le corps Koppány en quatre : une partie fut envoyée à Esztergom, une autre à Veszprém, une troisième à la porte de Győr, et une quatrième à Erdély.[5]

Le combat entre Vencellin et Koppány

Une fois sa victoire acquise, Étienne réagit avec fermeté envers les Magyars qui avaient soutenu Koppány, les réduisant à un état de servitude. La région de Somogy, bastion des partisans de son oncle, fut particulièrement touchée par des sanctions sévères. Ces mesures témoignaient de la détermination d'Étienne 1er de réprimer toute forme d'opposition à son pouvoir.

Le corps de Koppány : l’affirmation de la souveraineté d'Étienne

Le corps de Koppány exposé aux quatre villes entourant le centre du royaume (medium regni), geste politique majeur : Étienne affirmait ainsi son pouvoir et montrait qu'il n'hésiterait pas à utiliser la force et la violence pour maintenir son autorité.

Les restes de Koppány furent exposés dans les villes importantes entourant le centre du royaume d'Étienne

  • Esztergom était la capitale du royaume de Hongrie ; en envoyant une partie du corps de Koppány à cet endroit, Étienne voulait affirmer sa légitimité aux yeux de tous ;

 

  • Veszprém était le lieu de résidence de la reine Gisèle ; en exposant une partie du corps de Koppány dans cette ville, Étienne marquait l’association de son épouse à sa victoire ;

 

  • Győr constituait une porte d'entrée vers l'Europe centrale et un lieu de passage important pour les échanges commerciaux ; en envoyant un morceau du corps de Koppány à Győr, Étienne affirmait sa souveraineté sur cette région frontalière et envoyait un message clair à ses voisins : lui seul était le maître du royaume de Hongrie ;

 

  • Erdély (dans la Roumanie actuelle) était une région à l'est du royaume, peuplée d’ethnies diverses et bénéficiant d’une certaine autonomie ; en y envoyant une partie du corps de Koppány, Étienne voulait montrer qu'il contrôlait également cette région et qu'il n’allait tolérer aucune rébellion.

L’iconographie d'un conflit décisif        

Le timbre-poste suivant montre la décapitation de Koppány par le comte Vencellin :

Sur le côté gauche de l'image, Étienne, monté sur son cheval, est entouré de sa garde rapprochée. L'auréole autour de sa tête souligne son rôle de premier roi chrétien de Hongrie.

 

À droite, dans une scène d'une violence saisissante, Vencellin vient de décapiter Koppány. La tête tranchée de Koppány gisant au sol symbolise la fin de la rébellion païenne et la consolidation du pouvoir d'Étienne.

La décapitation de Koppány, page 38 de la Chronique enluminée

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La décapitation de Koppány est une image puissante qui condense un moment fondamental de l'histoire hongroise : l’engagement de la Hongrie vers un nouvel ordre – la chrétienté – et la fondation de l'identité nationale hongroise.


Le couronnement d’Étienne 1er de Hongrie    

La tradition rapporte qu'Étienne fut couronné à Esztergom le 25 décembre de l'an mil. Pour cette occasion, le pape Sylvestre II lui fit parvenir la Sainte Couronne de Hongrie (Magyar Szent Korona), symbole sacré de la royauté.

 

Chef-d'œuvre d'orfèvrerie médiévale, cette couronne est composée d'un anneau en or décoré de pierres précieuses, de perles et d'émaux. Ce joyau est orné de motifs symbolisant le pouvoir divin et la souveraineté royale, avec des éléments religieux liant étroitement la royauté à l'Église catholique romaine.

La Sainte Couronne de Hongrie est conservée dans la salle du dôme dans le Parlement hongrois à Budapest

(Domaine public)

La Sainte Couronne de Hongrie a servi lors du couronnement de tous les rois hongrois jusqu’à la fin de la monarchie en 1918. En l’an 2000, le parlement hongrois a adopté une loi affirmant dans son premier article : « La Sainte Couronne demeure dans la conscience de la nation et dans la tradition du droit public hongrois comme une relique symbolisant la continuité et l’indépendance de l’État hongrois.»

Étienne 1er consolide son pouvoir                

Fort de sa consécration, Étienne entreprit de consolider son pouvoir par des actions politiques et militaires décisives :

 

[…] il mena une guerre fameuse et lucrative contre son oncle maternel, nommé Gyula, qui, à cette époque, gouvernait toute la région au-delà du fleuve Danube […] Le vaste et riche pays de Gyula fut entièrement annexé à la Hongrie par saint Étienne. Ce pays, connu sous le nom de Transylvanie en hongrois, est irrigué par de nombreuses rivières, dont les sables contiennent de l’or, et l’or de cette terre est de très bonne qualité.[6]

 

Étienne mena ensuite une expédition militaire contre Keán, le chef des Bulgares, afin de sécuriser une frontière de son royaume. Sa victoire lui procura des ressources pour financer la christianisation de la Hongrie :

 

Grâce à ces nombreux trésors, le roi saint Étienne s'enrichit davantage et dota magnifiquement la basilique qu'il avait fondée à Székesfehérvár, l'ornant d'autels en or, de calices et de croix, de vêtements sacerdotaux en or pur brodés de pierres précieuses. […] La reine Gisèle, l'épouse du saint roi, enrichit considérablement cette église avec des croix en or, des chandeliers, des tablettes d’autel, des calices, des perles et des bijoux.[7]

 

Le recours aux butins de guerre pour financer des œuvres religieuses peut paraître répréhensible à nos yeux contemporains. Au Xe siècle, utiliser une partie de ces ressources pour construire ou orner des établissements religieux était perçu comme un moyen d'honorer Dieu.

Représentation de l’intérieur de la basilique Székesfehérvár, le lieu de couronnement des rois hongrois.


La fondation des saints Pierre et Paul à Óbuda            

Parallèlement à l'enrichissement de sa basilique, Étienne 1er poursuivit son œuvre religieuse. La Chronique enluminée, dont un chapitre a été retenu illustrer un second timbre-poste, témoigne de cette ferveur : « Le roi Saint Étienne construit une église à Óbuda pour les chanoines ».[8] constitue un autre chapitre de la Chronique enluminée retenu pour l’émission philatélique. Cet épisode relate la fondation d'un monastère à Óbuda par le roi et son épouse.

Óbuda : une ville médiévale au cœur des échanges          

Établie sur la rive occidentale du Danube, Óbuda bénéficiait d'une situation géographique avantageuse. Son accès facile aux voies navigables et sa proximité avec les routes commerciales terrestres ont contribué à son développement en tant que centre administratif et commercial.[9]

 

La ville abritait des ateliers spécialisés en métallurgie et en poterie, témoignant de son dynamisme économique.

Représentation d’Óbuda au Xe siècle

Des fortifications furent érigées au cours du XIe siècle pour assurer la protection de la ville contre les invasions et les sièges.

Étienne 1er et les fondations religieuses en Hongrie

La tradition attribue à Étienne 1er la création d'une dizaine de diocèses et l'établissement de paroisses sur son territoire, avec une église pour dix villages.[10] Il aurait également fondé plusieurs monastères, dont celui dédié aux saints Pierre et Paul à Óbuda :

 

Pendant que ce monastère était en construction, des maîtres sculpteurs furent amenés de Grèce et le saint roi, avec la reine, y résidait pour des raisons de dévotion. La reine, à son tour, fabriquait des croix, des tablettes et des décorations. Ils commencèrent à travailler sur le grand monastère, mais bien qu'ils y aient travaillé pendant de nombreuses années, ils ne purent le terminer de leur vivant.[11]

Étienne avait fait venir des tailleurs de pierre grecs pour construire le monastère à Óbuda

Les saints Pierre et Paul au service de la Hongrie chrétienne       

Le patronage de saint Pierre et saint Paul sur le monastère d’Óbuda peut être vu comme une manière de marquer symboliquement l’alliance entre l’Église et l’État. Pierre, en tant que premier pape et saint patron de l’Église catholique romaine, représente l'autorité du pape ; Paul, par ses voyages missionnaires, symbolise l'expansion du christianisme à travers le monde.

 

Ce monastère suivait la règle de saint Benoît, témoignant de l'influence de l'ordre bénédictin introduit en Hongrie par Étienne 1er. Les monastères bénédictins ont joué un rôle crucial dans la christianisation de l'Europe, servant de centres de rayonnement spirituel et culturel. Les moines bénédictins, consacraient leur temps à la prière, au travail manuel (agriculture et artisanat) ainsi qu'à l'étude des textes sacrés et profanes.

L’iconographie d’un acte royal    

La seconde enluminure retenue pour la série philatélique montre la fondation religieuse à Óbuda par le couple royal de Hongrie. Cette illustration figure à la page 42 de la Chronique enluminée 

L'illustration montre Étienne et Gisèle, tous deux agenouillés, tenant une réplique réduite de l'église du monastère saint Pierre et saint Paul à Óbuda. Cette posture humble et dévote symbolise le rôle du couple royal en tant que fondateurs de l'édifice religieux.

 

Le sol rocailleux, parsemé d'arbres stylisés et de fleurs délicates, sert d'écrin à la scène. L'arrière-plan, volontairement sobre et épuré, met en valeur l'importance de l'acte sacré, soulignant l'engagement spirituel profond des souverains envers leur foi et leur royaume.

La fondation des saints Pierre et Paul à Óbuda, page 42 de la Chronique enluminée

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La fondation du monastère des saints Pierre et Paul à Óbuda par Étienne 1er et son épouse illustre l'engagement profond du couple royal envers la christianisation de leur pays et le renforcement de l'autorité de l'Église en Hongrie.


Conclusion

 

L’éviction du paganisme par le christianisme (combat entre Étienne et Koppány) et la fondation des institutions (diocèses, paroisses, monastères) marquent des moments-clés de l’État hongrois sous Étienne 1er.

 

Ces événements ont été choisis pour la série philatélique car ils symbolisent l’unité et la centralisation, des valeurs en résonance avec la Hongrie socialiste des années 1970.

 

Le communisme était présenté comme une idéologie unificatrice et centralisatrice de l’État, à l’instar du christianisme au Moyen Âge.

R. Simard


Références

[1] Képes Krónika (Chronicon pictum), traduit du latin en hongrois par Geréb Lásló, Budapest, Magyar Helikon Könyvkiadó, 1964, chapitre 1, p. 4, https://vilagbiztonsag.hu/keptar/albums/userpics/10009/kalti_mark_kepes_kronikaja.pdf (traduit avec l’aide de OpenAI).

[2] Képes Krónika (Chronicon pictum), (63)…, p. 38.

[3] Il est Il est difficile de donner un pourcentage approximatif des Magyars convertis au christianisme à la mort du grand-prince Géza. La conversion des Magyars a été un processus graduel qui s'est étendu sur plusieurs décennies. À l'an mil, la conversion était toujours en cours, mais elle n'était pas encore achevée.

[4] Képes Krónika (Chronicon pictum), (64)…, p. 38-39.

[5] Képes Krónika (Chronicon pictum), (64)…, p. 39.

[6] Képes Krónika (Chronicon pictum), (65)…, p. 39-40.

[7] Képes Krónika (Chronicon pictum), (66)…, p. 40-41.

[8] Képes Krónika (Chronicon pictum), (67)…, p. 41-42.

[9] GYÖRFFY, György, « Les débuts de l’évolution urbaine en Hongrie », Cahiers de Civilisation Médiévale, avril-juin 1969, p. 140.

[10] Les nombreuses réalisations attribuées à Étienne 1er, qui vont de l'organisation de l'État à la construction de lieux de culte, ont soulevé des doutes quant à leur réalisation par un seul roi. Les historiens s’accordent pour dire que la Chronique enluminée tend à idéaliser et à attribuer à Étienne 1er des actions qui pourraient avoir été le fruit de réalisations postérieures.  Garády Sándor: A budai (óbudai) káptalan alapításaBudapest Székesfőváros Várostörténeti Monográfiái / Tanulmányok Budapest múltjából 7. kötet (1939) (pdf), Budapest Székesfőváros, p. 70-91. o.. ISSN 0238-5597 [1939]. Consulté le 26 février 2025 (traduit du hongrois avec OpenAI).

[11] Képes Krónika (Chronicon pictum), (67)…, p. 41-42.


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