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Chroniques Timbres Poste est votre destination incontournable pour découvrir l'histoire et la culture à travers le prisme des timbres-poste. Ce blog culturel vous invite à explorer la richesse des émissions philatéliques et à vous immerger dans les récits captivants qu'elles révèlent.
Le timbre-poste du mois
Mai 2025
Le dernier chapitre d'une icône canadienne : la Compagnie de la Baie d'Hudson
Le timbre-poste ci-dessous a été émis par le Canada le 15 septembre 1999, dans le cadre d’une série philatélique rappelant les grandes réalisations canadiennes au tournant du millénaire. Il représente la Compagnie de la Baie d'Hudson (HBC), le plus ancien commerce du Canada.

Le 2 mai 1670, la Compagnie de la Baie d'Hudson a été fondée grâce à une charte royale promulguée par le roi Charles II d'Angleterre. Cette charte accordait à la compagnie un monopole exclusif sur le commerce des fourrures dans une vaste région du Canada actuel.
Ce monopole a permis à la compagnie de devenir l'une des entreprises les plus puissantes du monde à cette époque et de consolider la position des Britanniques dans le commerce des fourrures en Amérique du Nord.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la demande de fourrures en Europe était très forte. Les peaux de castor étaient particulièrement prisées pour la fabrication de chapeaux de feutre, un accessoire de mode et un symbole de statut social essentiels à cette époque.
Les Européens échangeaient des produits avec les peuples autochtones contre des peaux de castor. Parmi les articles les plus appréciés par les Amérindiens figuraient les toiles et les couvertures de laine, de coton ou de lin, prisés pour leur longévité, leur solidité et leur beauté.
La convoitise des Amérindiens pour les tissus européens n’est pas sans rappeler la fascination des Inuits pour les tissus rouges des colons scandinaves lorsque ces deux cultures ont cohabité au Groenland durant le Moyen Âge. (voir La philatélie au service de l'actualité : l'histoire du Groenland.)
À la fin du XIXe siècle, la Compagnie de la Baie d’Hudson s'est diversifiée en introduisant des articles de consommation courante dans ses magasins à grande surface.
Au cours du XXe siècle, la compagnie a ouvert de nombreux magasins à travers le Canada, s'imposant comme un lieu d'achat incontournable. La Baie, forme brève du nom de l’entreprise depuis 1965, était connue pour son large éventail de produits, allant des vêtements aux bijoux, des meubles aux articles ménagers, des jouets aux parfums, etc.
À l’occasion du tricentenaire de la compagnie en 1970, une nouvelle charte a été signée par la reine Élisabeth II : la Compagnie de la Baie d’Hudson est transférée du Royaume-Uni au Canada et son siège social de Londres à Winnipeg.
Plus près de nous, l’entreprise a traversé une période difficile marquée par des tentatives d’adaptation aux nouvelles réalités du commerce : la concurrence accrue des détaillants en ligne, les changements dans les habitudes des consommateurs et les problèmes financiers internes ont malheureusement signé la fin de ce fleuron de l’histoire du Canada.
En avril 2025, après avoir déposé une demande de protection contre ses créanciers, La Baie a pris la décision de fermer définitivement tous ses magasins, mettant fin à une marque emblématique de l'histoire commerciale canadienne.
Les personnages et les rayures de couleur
La présence d’un Européen et d’un Autochtone sur l’illustration du timbre-poste symbolise la relation commerciale qui a existé entre la Compagnie de la Baie d’Hudson et les Premières Nations du Canada.

L’Européen représente les marchands impliqués dans le commerce des fourrures, tandis que l'Autochtone représente les intermédiaires qui fournissaient les fourrures, acteurs essentiels dans l’évolution de ce commerce.
Les rayures de couleur devant les personnages font référence à la célèbre couverture à points de la Compagnie de la Baie d'Hudson.

Introduites au Canada en 1779, ces couvertures de laine au rayures de couleur étaient produites en Angleterre pour le commerce des fourrures avec les Premières Nations du Canada. Elles étaient utilisées par la compagnie comme monnaie d'échange contre des peaux de castor.
Les couvertures à points de la Compagnie de la Baie d’Hudson ont acquis au fil du temps une signification symbolique : elles sont devenues un emblème du Canada, représentant l'histoire partagée entre les peuples autochtones et les colons européens.
Ces couvertures ont continué à être fabriquées pour la vente au détail, figurant sur les rayons des magasins La Baie. Elles ont été parmi les objets qui ont disparu rapidement lorsque l’entreprise a annoncé la fermeture définitive de ses magasins et la liquidation de toute sa marchandise.
Le canoë et le logo
En haut à gauche, on aperçoit un canoë en mouvement, une référence directe aux peuples autochtones et aux trappeurs du Canada. Ces derniers utilisaient des canoës d’écorce pour transporter les fourrures sur de longues distances. Ces moyens de transport étaient essentiels pour leurs déplacements dans les régions isolées du Canada.

À droite, on reconnaît le B stylisé représentant la marque La Baie. Créé en 1965, ce logo est devenu le symbole moderne de la Compagnie de la Baie d’Hudson et a constitué un ancrage visuel fort pour l'entreprise.

Ce timbre-poste est une représentation visuelle de l’histoire de la Compagnie de la Baie d'Hudson, de ses liens avec les Premières Nations du Canada et du rôle fondamental que cette entreprise a joué dans la construction du pays en tant que nation de commerce et d'échanges.
La Compagnie de la Baie d’Hudson restera un symbole marquant de l'histoire commerciale canadienne, même si la fermeture de ses magasins en 2025 signe la fin de cette institution.
R. Simard
Avril 2025
« Un siècle d'amitié États-Unis - Canada »
Le timbre-poste suivant, émis par les États-Unis le 2 août 1948, célèbre le « centenaire de l’amitié entre les États-Unis et le Canada ». Il incarne une relation historique entre les deux nations voisines, fondée sur la coopération et des liens amicaux durables.

Ce timbre-poste, gravé en taille-douce, représente le majestueux pont suspendu des chutes du Niagara. Construit de 1851 à 1855, ce pont incarne les liens historiques et économiques qui ont unis le Canada et les États-Unis pendant un siècle.
Ce chef-d'œuvre d'ingénierie reliait la rive canadienne des chutes du Niagara à celle de l'état de New York aux États-Unis. Il a été le premier pont ferroviaire suspendu au monde.
Conçu pour une utilisation polyvalente, ce pont a été construit pour faciliter les échanges et les déplacements. Il présentait deux tabliers superposés : le tablier supérieur était réservé à la circulation des trains, tandis que le tablier inférieur accueillait les piétons et les voitures à cheval.
Au cours de la seconde moitié du XIXᵉ siècle, le pont suspendu des chutes du Niagara a joué un rôle important dans le commerce transfrontalier canado-américain. Chaque année, environ 12 millions de dollars de marchandises transitaient par cette voie. [1]
La décision de sa construction s'inscrivait dans la volonté de renforcer le commerce bilatéral entre le Canada et les États-Unis. Le traité de réciprocité, négocié à partir de 1848 et rendu officiel en 1854, avait pour but d'éliminer ou de réduire les tarifs douaniers (!) sur des marchandises importantes dans les échanges entre les deux pays.
Il est intéressant de mentionner que ce pont a joué un rôle humanitaire important lors de la guerre de Sécession (1861-1865). Il a offert aux esclaves en fuite depuis le sud des États-Unis un passage vers le Canada, leur permettant de retrouver leur liberté.
En 1897, le pont suspendu fut remplacé par le pont des rapides Whirlpool, qui demeure aujourd’hui une structure importante reliant les deux rives de la rivière Niagara.
Les relations actuelles entre le Canada et les États-Unis contrastent beaucoup avec celles ayant eu cours au XIXᵉ siècle. Bien que les liens entre les deux pays soient encore puissants, ils sont soumis aujourd'hui à des défis bien différents de ceux qui ont permis la construction du célèbre pont représenté sur le timbre-poste.
R. Simard
Référence
[1] RYERSON, Egerton, HODGINS, John (1854), « The Niagara Suspension Bridge », The Journal of Education for Upper Canada, 8 (10), Toronto, Canada: Lovell and Gibson, Archived from the original on March 1, 2024. Consulté le 30 mars, 2025.
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